Une étude révèle le rôle des allergies alimentaires

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Le rôle des allergies alimentaires

S’il est prouvé que les allergies ne déclenchent ni la sclérose en plaques, ni directement les poussées, l’étude, publiée en ligne le 18 décembre 2015 au Journal of Neurology, Neurosurgery, & Psychiatry, a révélé que les personnes atteintes de SEP souffrant d’allergies alimentaires étaient beaucoup plus susceptibles de subir des poussées et causant une augmentation des lésions actives.

La nouvelle analyse contribue à la multiplication des preuves reliant les bactéries intestinales au système immunitaire et aux troubles neurologiques, par exemple la SEP.

« Les repas pourraient provoquer une inflammation de la muqueuse intestinale [la couche la plus externe du tractus gastro-intestinal et également une partie essentielle du système immunitaire du corps humain] », a déclaré l’une des auteurs de l’étude, Tanuja Chitnis, MD, professeure de neurologie et également directeur de la santé de l’Enquête longitudinale exhaustive sur la sclérose en plaques menée à l’hôpital Brigham and Women’s Hospital (CLIMB) du Partners Multiple Sclerosis Center à Boston.

Selon elle, « Notre analyse indique que l’inflammation causée par les allergies alimentaires pourrait jouer un rôle important dans l’apparition ou la progression de la maladie ».

La Dre Chitnis et ses collègues ajoutent que les allergies alimentaires peuvent également modifier les bactéries intestinales, en produisant des composés neuroactifs qui influent sur le système nerveux central.

Questionnaire sur les allergies autodéclarées et IRM révèlent les tendances

La recherche portait sur 1 349 personnes atteintes de SEP (344 hommes et 1 005 femmes) inscrites au plan CLIMB et atteintes d’une maladie d’une durée moyenne de 16 décennies. Les chercheurs ont totalisé le nombre de poussées de sclérose en plaques que chaque individu avait subies au cours de la durée de sa maladie.

Les participants ont rempli un questionnaire sur leurs propres allergies. Les IRM améliorées avec le produit de contraste (le gadolinium) mettent en évidence les régions de l’inflammation (lésions actives) du Système Nerveux Central (SNC).

Selon la National Multiple Sclerosis Society, une couche mobile entourant les vaisseaux sanguins à l’intérieur du cerveau et de la moelle épinière empêche les substances de passer du sang au système nerveux central.

Le gadolinium met en évidence les régions affectées dans lesquelles cette barrière s’est effondrée. Parmi ceux qui ont participé à l’analyse, 427 n’avaient aucun symptôme d’allergie connu et 922 avaient une ou plusieurs allergies, parmi les participants, 586 avaient signalés une allergie environnementale, 238 une allergie alimentaire, 574 également une allergie aux médicaments sous prescription.

Les allergies alimentaires signalées sont des allergies aux œufs, au lait, au blé, au poisson, à la volaille, aux fruits de mer, aux fruits, aux noix et à d’autres produits alimentaires. Les allergies au pollen, aux arbres, à l’herbe, aux acariens et même les animaux domestiques font partis des allergies environnementales.

Au passage, petite précision, les arachides ne sont pas des noix, ce sont des légumineuses. Il est donc aussi possible d’être allergique aux légumineuses. On ne devrait pas dire qu’on est allergique aux noix si l’on est allergiques aux arachides ?

Selon les chercheurs, les facteurs de risque établis pour la SEP incluent le sexe féminin, le tabagisme, de faibles taux de vitamine D, le fait d’avoir déjà contracté le virus Epstein-Barr et l’obésité chez les adolescents.

Davantage de rechutes et de lésions actives dans le groupe des allergies alimentaires

Cette étude a révélé que les personnes ayant des allergies alimentaires avaient un nombre cumulé de poussées (ou de rechutes) 1,38 fois plus fréquentes que les personnes ne présentant aucune allergie.

Bien qu’une certaine forme d’allergie ait été associée à une probabilité accrue de maladie active, l’équipe de recherche sur les allergies alimentaires a également révélé une probabilité plus de deux fois supérieure de présenter des lésions rehaussant le gadolinium lors de l’IRM.

Les auteurs de l’étude ont noté qu’il n’y avait pas de différences importantes entre le groupe non allergique et les classes d’allergies médicales ou médicamenteuses.

« La vérité est que les autres types d’allergies n’ont pas considérablement affecté le nombre de poussées de la maladie, bien que le mécanisme en soit encore incertain », déclare Asaff Harel, MD, neurologue à l’hôpital Lenox Hill de New York, qui n’a pas été impliqué dans l’analyse.

Sur la base des résultats de leurs recherches, Chitnis conseille, tout de même, aux personnes atteintes de SEP et d’allergies alimentaires de prévenir ou de minimiser le contact avec tous les aliments auxquels elles sont allergiques, car elles peuvent provoquer une plus grande activité de la maladie ainsi que des symptômes allergiques, tels que et congestion nasale, migraines, yeux rouges ou larmoyants et démangeaisons ou fourmillements dans la bouche.

Limites de l’étude : Aucune information sur le type de médicament pour la sclérose en plaques

Le Dr Harel souligne que l’analyse comprenait une proportion de personnes prenant des médicaments contre la SEP, mais ne contenait aucune information sur le type de médicament. « Dans le cas où le groupe non allergique se serait, par hasard, sous un traitement, qui leur est plus efficace, cela aurait facilement pu faussé les résultats », déclare Harel.

Les rédacteurs de l’étude craignent que l’enquête ne démontre pas la cause et l’effet et qu’elle soit perçue en tant que recherche observationnelle, seulement. En outre, le questionnaire n’a été publié qu’une seule fois et reposait sur des réponses individuelles, ce qui peut être subjectif.

« De futures études prospectives sont nécessaires pour confirmer nos conclusions et comprendre le mécanisme biologique sous-jacent, en évaluant les biomarqueurs sanguins de l’allergie, ce qui pourrait donner lieu à de nouvelles approches thérapeutiques telles contre la SEP », ont écrit Chitnis et ses collaborateurs.

Les références contenues dans cet article sont en anglais.

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Atteint de la sclérose en plaques et diagnostiqué depuis 2014, je ne peux me résigner à imaginer que cette maladie soit incurable. Pour moi, la maladie pourrait possiblement être part du futur mais aussi n'être qu'un souvenir !